20 mars, Journée mondiale de la Francophonie, mon histoire avec cette communauté
Ma Francophonie
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Dans les couloirs bucoliques de la Mission catholique de Nsimalen, ma relation avec la Francophonie a pris racine. Mon père, enseignant de français dans cette institution, maniait cette langue avec une rigueur presque sacrée. Diplômé en France, il ne tolérait aucune faute et m'a transmis son amour du verbe. J'en suis tombée amoureuse. Mais alors que je n’avais que 9 ans, il s’en est allé vers l'Eternité, me laissant seule avec cette langue et la foi en Dieu comme héritage.
Le français, imposé par les aléas de l’histoire, s’est mué en refuge pour moi. Ma langue maternelle, je la parlais très bien. Dans la solitude d’une orpheline en.manque d'affection, le français est devenu mon ami imaginaire. J’écrivais des poèmes, des romans, des bandes dessinées, trouvant dans ses syllabes une échappatoire, un souffle d’existence. Il m'est arrivé de bucher l'encyclopédie. Sérieux. Je pouvais réciter des pages entières.
Un autre monde
Puis vint l’université, où je découvris la Francophonie sous un autre prisme : une communauté unie par la diversité culturelle. L’idéal des pères fondateurs me fascinait. La Francophonie est d’abord culturelle, car la culture brise les distances et révèle l’âme des peuples. Je me suis engagée à militer pour cette âme.
Sur les bancs de l’École supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication, je me forge une plume auprès de grandes revues comme l’Agora francophone internationale (AFI). Puis, en tant que rédactrice en chef du magazine Vice-Versa de Bertrand, j’explore les frontières du monde francophone, constatant que, dans les mots, elles n’existent pas.
De loin, j’observe l’Union de la presse francophone, convaincue de la force du collectif et du pouvoir de la presse pour porter l'idéal en.façonnant les opinions. Des aînés inspirants comme Alain Blaise Batongue, premier président de la section camerounaise, me servent de repères.
En 2019, je franchis le pas et m’engage officiellement. Deux ans plus tard, Evelyne Mengue A Koung m’invite à rejoindre sa liste comme secrétaire générale adjointe. Un honneur que j’accepte volontiers. Notre équipe est élue avec brio et réélue en 2024.
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Parallèlement, en 2019, la Direction de la Francophonie du Ministère des Relations Extérieures me sollicite en tant que présidente du Réseau des Journalistes Culturels du Cameroun. L’objectif : proposer un événement pour célébrer les 50 ans de la Francophonie en 2020. Un projet mûrissait déjà en moi : une compétition journalistique suivie d’une cérémonie de récompense. L’idée est adoptée. Ainsi naît la Coupe du monde de la presse culturelle, baptisée Grand Prix Francophilie des Médias. Un pur bonheur.
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En 2017, j'integre l'equipe des Trophées francophones du cinema comme Coordonatrice des Relations presse. Une belle aventure également.
Vents contraires
Aujourd’hui, la Francophonie s’étend sur 90 pays au lieu de 88. Mais au-delà des chiffres, un défi demeure : ne pas laisser la politique supplanter l’idéal culturel des pères fondateurs. Dans un environnement miné par l’extrémisme, les tensions et les incompréhensions, la Francophonie doit se regarder dans le miroir sans fuir son reflet. Le retrait des pays de l’AES est un signal. Elle doit se réinventer en s’appuyant sur ses forces vives, notamment une presse francophone forte, à travers des leviers comme l’Union de la presse francophone ou la Coupe du monde de la presse culturelle baptisée Grand Prix Francophilie des Médias. La presse demeure un puissant acteur de fabrication de l'opinion. Elle sait trouver les mots justes là où la politique tend à en manquer. C’est ainsi qu’elle pourra continuer à porter haut son idéal de diversité et de dialogue. C'est mon rêve. Je crois qu'avec un peu d'humilité, on y parviendra.
Bonne fête à toute la communauté francophone du monde.
G-Laurentine ASSIGA