50ès Assises de l'UPF sur Médias, paix et sécurité

L’appel de Macky Sall

Le Président de la République du Sénégal exhorte les professionnels de l'information à plus de responsabilité et de respect des canons du métier.

Il était la «belle cerise» sur le gâteau de cet événement. Son discours était très attendu par les professionnels de l’information qui se sont donné rendez-vous ici avec leurs confrères sénégalais pour les 50es Assisses de l’Union de la presse francophone. A quelques jours de la prochaine élection présidentielle du Sénégal, le mot du président sur le déploiement des médias était donc quêté. Le thème mis en débat tombait également fort à propos dans un contexte de populisme et de manipulation créant la confusion sur les faits réels. Pour parler de «Médias, paix et sécurité», Macky Sall n’a pas fait dans la langue de bois.

En présidant la cérémonie d'ouverture des 50es assises de l'Upf ce mardi 09 janvier 2024 à Dakar, Macky Sall a donc tenu à passer un message fort. Dans un ton courtois, mais incisif, le Chef de l'Etat a rappelé à la presse les défis qui sont les siens dans un monde où son métier est menacé. Face aux réseaux sociaux, par exemple, qui voient naître de nouvelles formes de pratiques «journalistiques», les professionnels devraient déployer des stratégies pour maintenir une crédibilité de l'information collectée et traitée dans les normes. «Quand on s’affranchit des normes, il n’y a plus de limites ; et quand il n’y a plus de limites, c’est notre humanité commune qui est en danger», a-t-il indiqué. Les mutations du métier avec l’amplification des contenus numériques mettent ainsi les professionnels en compétition avec ces «éditeurs à partir des smartphones, qui sont des émetteurs de messages, de news, n’ayant aucune qualité pour le faire. Mais c’est la liberté des Mass médias, la liberté des réseaux sociaux. Chacun émet et cela rend difficile le travail des vrais professionnels», a-t-il martelé.

En mettant en exergue le rapport de l’opinion publique à l’information, la place et le rôle des médias par temps de guerre, les médias face à la désinformation et la manipulation, le président a trouvé effroyable qu'autant de journalistes soient assassinés dans l’exercice de leur métier. Le monde est parsemé de foyers de tension. Selon  l'Unesco qu'il cite,  64 professionnels de l'information sont morts à travers le monde en 2023. Chiffre en nette croissance, selon Reporters Sans Frontières, qui l’estime à 140. Malheureusement aussi, «Il arrive que partout dans le monde, que des médias activent le feu, incitent à la violence et la haine ; excitent les foules et alimentent les conflits jusqu’au génocide… on l’a connu en Afrique.  S’y ajoute aujourd’hui, la frénésie du déballage et des fake news diffusés à grande échelle (…) », déplore-t-il. A son avis, «La liberté allie la responsabilité comme deux faces d’une même médaille».

L’exhortation du président n’est pas tombée dans des oreilles de sourds. Au cours de la table-ronde (quelle place et quel rôle pour les médias en temps de guerre ?), des deux ateliers (désinformation, manipulation, comment résister face aux tentatives de contrôle des médias ? Paix et sécurité à l’heure des réseaux sociaux) de l’après-midi, les journalistes ont reconnu l’importance de l’élément «responsabilité» dans l’exercice de leur profession. Car «toute guerre est une tragédie», selon Anne Laure Bonnet, journaliste freelance et correspondante de guerre française.

G-Laurentine ASSIGA, envoyée spéciale à Dakar